Les certitudes militantes sont souvent trompeuses. De nombreuses voix, à gauche notamment, s’élèvent pour demander l’avènement d’une VIe République, plus démocratique, qui viendrait remplacer l’actuelle, trop autoritaire, trop verticale, trop monarchique, trop éloignée, dans sa représentation gouvernementale et parlementaire, de la réalité politique du pays. Le peuple le pense-t-il aussi ? Est-il choqué par le pouvoir impérieux du président de la République, par la sous-représentation systématique des minorités, par la prééminence juridique de l’exécutif sur le législatif, bref par la monarchie républicaine voulue à l’origine par le général de Gaulle ? La question se pose : dans son comportement concret, le peuple, en effet, exprime exactement l’inverse.
D’abord en élisant un Président qui entend maintenir la Constitution en l’état et qui a annoncé à l’avance qu’il utiliserait tous les moyens à sa disposition pour réformer le pays dans le sens qu’il souhaite, notamment à l’aide de ces ordonnances qui permettent de dessaisir le Parlement de sa prérogative législative.
Ensuite en applaudissant, plus ou moins fort, un Président qui endosse sans hésiter le costume du monarque républicain, qui veut une communication rare, qui recherche un prestige international centré sur sa personne et qui affiche une fermeté revendiquée sur tous les sujets régaliens.
Enfin en s’apprêtant, sauf surprise, à lui fournir
une majorité à sa main, qui écrasera de facto les oppositions au Parlement. On aurait pu penser que les électeurs corrigeraient ou amenderaient leur vote en envoyant à l’Assemblée de forts contingents d’opposition, de droite ou de gauche, qui obligeraient le président à composer avec le Parlement, à rechercher une de ces coalitions si fréquentes dans les autres démocraties européennes. Pas du tout : interrogés sur leur vote, beaucoup d’électeurs déclarent qu’il faut
«laisser sa chance» à Emmanuel Macron. Ce pourrait signifier qu’on veut lui laisser la chance de changer la pratique des institutions en agrégeant des forces variées. Mais non : manifestement, lui
«laisser sa chance» veut dire lui procurer une masse uniforme de députés disposés à voter sans barguigner tous ses projets. Emmanuel Macron avait théorisé sans ambages ce tropisme gaullien en rappelant que les Français cultivaient sans se l’avouer la nostalgie du régime monarchique, comme s’ils regrettaient, au fond, que la Révolution ait guillotiné Louis XVI et qu’ils cherchaient depuis à lui trouver un substitut, bonapartiste ou républicain. De toute évidence, à l’inverse des espérances réformatrices, cet inconscient-là domine l’élection en cours.
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«macronmania» qui fait oublier les mesures prévues dans le programme d’En marche. Aurait-il dénoncé une «hamonmania» ? Il est vrai que l’hypothèse, même rétrospective, est hautement invraisemblable…
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