Chaque nuit, à Paris, près de cinq cents enfants dorment dans la rue, trouvent refuge avec leurs -parents dans les services d'urgences d'hôpitaux, ou, pour les plus chanceux, chez des tiers, faute de places disponibles auprès du 115. Qu'adviendra-t-il dans quelques semaines, lorsque les températures entamerontleur descente ?
Nul ne le sait, tant la saturation des -hôtels utilisés pour l'hébergement des familles atteint ces derniers mois un seuil exceptionnel. La grande concertation axée sur la pauvreté des enfants et des jeunes qu'a lancée, mardi 17 octobre, le président Emmanuel Macron doit être enfin l'occasion de penser autrement les réponses que nous apportons aux -familles et aux enfants en situation -d'extrême précarité.
L'urgence impose tout d'abord de parer au plus pressé et de mobiliser tous les -acteurs de la région Ile-de-France pour permettre aux familles SDF de traverser l'hiver à l'abri. Mais la concertation -gouvernementale à venir doit aussi -marquer l'engagement d'une décrue de l'hébergement à l'hôtel.
En 2014, à la suite de l'enquête Enfams(enfants et familles sans logement), -menée par l'Observatoire du Samusocial de Paris, qui dressa une appréciation -accablante de la situation des familles à l'hôtel, le ministère du logement s'engagea dans un plan de réduction des nuitées hôtelières, ayant pour objectifd'inciter à la production d'alternatives à l'hôtel, au rachat d'hôtels par les associations et à leur adaptation à la vie des familles.
Effort exceptionnelCe plan constitue un premier pas. Mais il reste bien en deçà de l'ampleur des -besoins. La progression du nombre de personnes hébergées à l'hôtel, atteignant 35 000 en Ile-de-France, s'est poursuivie, freinée essentiellement par la saturation des capacités du parc d'hôtels à bas coût.
En dépit d'une dénonciation régulière, l'hôtel reste trop souvent la seule solution pour mettre à l'abri les familles sans -domicile. Par facilité, par absence d'anticipation et par manque d'ambition politique. Pourtant, des solutions existent. La transformation d'hôtels en résidences à vocation sociale gérées par les bailleurs -sociaux ou les acteurs associatifs doit être considérablement accélérée, de même que le rythme de production d'hébergements alternatifs àl'hôtel.
Un effort exceptionnel d'accès au -logement des familles doit être entrepris : 44 % des familles vivent à l'hôtel depuis plus de deux ans, un temps bien trop long. Et l'hôtel doit définitivement cesser de servir de palliatif au déficit de dispositifs d'accueil pour les familles demandeuses d'asile. Enfin, pour en finir avec cet hébergement indigne d'un pays aussi développé que le nôtre, extraire les -familles migrantes des méandres -administratifs dans lesquels elles se -trouvent est indispensable.
Il ne s'agit là que de pragmatisme : cesser de contraindre les familles avec un ou plusieurs enfants nés sur le territoire français à attendre de nombreuses années leur régularisation, les condamnant ainsi à l'extrême précarité et au recours aux dispositifs d'urgence sociale. Quand bien même ces mesures seraient prises, sortir de l'hébergement hôtelier prendra plusieurs années. Au moins dix ans.
En attendant, les familles prises au piège de l'hébergement hôtelier doivent pouvoir vivre dignement, et leurs -enfants accéder à l'éducation. Un partenariat d'actions doit ainsi être mis en place entre les acteurs institutionnels et associatifs concernés.
Cinq enfants naissent chaque jour dans une famille hébergée par le Samusocial de Paris, et 12 000 enfants vivent reclus avec leurs parents dans une chambre d'hôtel, sans intimité pour se construire. Sans même oser parler d'égalité des chances, notre devoir est d'agir pour leur construire un avenir.
Éric Pliez
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