Titre : Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin
lien : Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin
Lire aussi
Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin
http://ift.tt/1c1T7Rf25
Août
2017
[2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin
Comme quoi, ça ne date pas d’hier…
Source : Time, le 19/12/2006
Par Adam Zagorin/Washington, mardi 19 décembre 2006
L’administration Bush a discrètement encouragé des individus et des partis opposés au gouvernement syrien dans un effort visant à déstabiliser le régime du Président Bachar el-Assad. Des éléments du projet sont décrits dans un document classifié de deux pages qui indique que les USA sont déjà en train de “soutenir des rencontres régulières d’activistes syriens, tant résidents que membres de la diaspora” en Europe. Le document exprime nettement l’espoir que “ces réunions faciliteront l’adoption d’une stratégie cohérente et d’un plan d’action pour tous les activistes anti-Assad.”
Le document mentionne que les élections législatives en Syrie, prévues pour mars 2007, “présentent un enjeu potentiellement mobilisateur pour… les détracteurs du régime Assad.” Pour profiter de cette opportunité, le document propose un plan secret de “supervision des élections”, dans le cadre duquel “des contenus seront accessibles sur internet et disponibles pour être imprimés ou disséminés par des activistes dans le pays (la Syrie) et les pays voisins.” La proposition appelle également à procéder au financement clandestin d’au moins un politicien syrien qui, selon le document, prévoit de se présenter aux élections. Cet effort comprendrait également des “campagnes d’éducation des électeurs” et des sondages d’opinion, dont le premier “serait prévu si possible début 2007.”
Selon certains fonctionnaires américains, le gouvernement des États-Unis a établi des contacts approfondis avec plusieurs groupes anti-Assad à Washington, en Europe et en Syrie même. Pour donner un élan à cette opposition, les USA considèrent sérieusement le plan de supervision des élections proposé dans le document, selon plusieurs fonctionnaires. La proposition n’a pas encore été approuvée, en raison notamment de questions au sujet d’un éventuel report des élections syriennes, voire leur annulation. Mais selon la déclaration d’un fonctionnaire US proche de la proposition : “On est forcé de se demander si nous essayons en ce moment de déstabiliser le gouvernement syrien.”
Certains détracteurs au Congrès et au gouvernement considèrent qu’un tel plan, visant à influencer secrètement un gouvernement étranger, devrait être considéré comme une “opération clandestine”, qui selon la loi exigerait de la part de la Maison-Blanche qu’elle informe la Commission sur le renseignement au Capitole. Certains membres du Congrès ne manqueraient pas de marquer leur désapprobation vis-à-vis de l’usage clandestin de fonds publics originellement destinés à la promotion de la démocratie.
La proposition mentionne qu’une partie de cette initiative serait menée à travers une fondation dirigée par Amar Abdulhamid, un membre d’une organisation de coordination de l’opposition syrienne basée à Washington et connue sous le nom de Front du Salut National (FSN). Le Front comprend les Frères Musulmans, une organisation qui a soutenu pendant des décennies le renversement par les armes du gouvernement syrien, mais prétend désormais qu’elle promeut des réformes démocratiques et pacifiques (toutefois, l’appartenance aux Frères Musulmans en Syrie est passible de la peine de mort). Un autre membre du FSN est Abdul Halim Khaddam, un ancien haut-fonctionnaire syrien autrefois fidèle à la famille Assad qui a récemment quitté le pays après un différend avec le régime. Les représentants du Front du Salut National, dont Abdulhamid, ont eu au moins deux réunions à la Maison-Blanche, qui a décrit ces sessions comme “préliminaires”. Depuis lors, le Front du Salut National a déclaré qu’il envisage d’ouvrir prochainement un bureau à Washington.
La “promotion de la démocratie” a été une préoccupation des gouvernements tant Démocrates que Républicains, mais la présidence de George W. Bush l’a particulièrement mise en avant depuis les attentats du 11-Septembre. Elliott Abrams, un personnage marquant de l’affaire Iran/Contra, en a reçu la charge auprès du Conseil de Sécurité Nationale. Jusqu’à une date récente, Elizabeth Cheney, fille du Vice-Président, supervisait ce travail auprès du Département d’État. Par le passé, les USA ont utilisé le soutien à “l’établissement de la démocratie” pour renverser des dictateurs inamicaux, dont Slobodan Milosevic en Serbie et Vladimir Kuchma en Ukraine.
Néanmoins, pour rendre efficace le plan de “supervision des élections” en Syrie, la proposition mentionne clairement que les efforts américains doivent rester dans l’ombre : “Toute information relative au financement de politiciens locaux [syriens] pour la supervision des élections devront être protégés de toute révélation publique,” selon le document. Mais les experts américains en “promotion de la démocratie” consultés par le Time affirment qu’il serait malvenu d’accorder un soutien financier à un candidat à l’élection identifié, en raison de ce qui serait perçu comme un conflit d’intérêt. De manière plus inquiétante, un fonctionnaire connaissant le document explique que le secret est nécessaire, notamment parce que le gouvernement syrien pourrait réprimer quiconque serait vu dans le pays comme un soutien à l’initiative américaine pour ces élections. Le fonctionnaire ajoute qu’en raison du large réseau d’espions dont dispose le gouvernement syrien dans son propre pays, les efforts américains seraient presque certainement découverts, si ce n’est déjà fait. Cela pourrait mener en prison d’avantage de personnalités de l’opposition.
Une tentative orchestrée par les USA de mener une telle initiative de supervision des élections pourrait rendre difficile ou impossible le dialogue entre Washington et Damas — tel que proposé par le Groupe d’Etudes sur l’Irak et plusieurs alliés des USA. La proposition dans son ensemble pourrait être une dépense inutile d’énergie : Edward P. Djerejian, un ancien ambassadeur américain en Syrie qui a travaillé sur le rapport du Groupe d’Etudes sur l’Irak, prétend que l’opposition syrienne est si faible et divisée qu’il y a peu à gagner dans une telle aventure. “Financer des petits partis d’opposition est tout au plus une diversion,” confia-t-il au Time. “Cela va surtout entraver l’option préférable qui consiste à impliquer la Syrie sur des problèmes autrement plus importants, comme l’Irak, la paix avec Israël, et la situation délicate au Liban.”
D’autres personnes identifient un autre objectif à l’initiative proposée. “Depuis l’invasion de l’Irak, à laquelle la Syrie était opposée, l’administration Bush a cherché à faire pression sur le gouvernement de Damas,” retient Joshua Landis, un expert sur la Syrie et co-directeur du Centre d’Etudes sur la Paix de l’université d’Oklahoma. “La Syrie semble être la prochaine étape sur le plan de l’administration Bush pour réformer le Moyen-Orient.” Landis ajoute : “Il s’agit apparemment de doper l’opposition syrienne sous prétexte de “promotion de la démocratie” et de “supervision des élections”, mais il s’agit surtout d’une tentative de faire pression sur le gouvernement syrien” et de lui faire faire ce que veulent les USA. Cela comprend bloquer la frontière avec l’Irak, afin que les insurgés ne puissent pas la traverser pour tuer les militaires US en Irak ; mettre un terme au financement du Hezbollah et à l’ingérence dans la politique libanaise ; et coopérer avec les Nations Unies dans l’enquête sur l’assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri. Des haut-fonctionnaires syriens sont présumés être les commanditaires dans l’affaire Hariri.
Les fonds dévolus au projet de supervision des élections seraient débloqués dans le cadre d’un programme du Département d’État connu sous le nom d’Initiative pour le Partenariat au Moyen-Orient (IPMO) (Middle East Partnership Initiative, or MEPI). Selon le site internet de l’IPMO, le programme fournit des financements allant de 100 000 à 1 million de dollars pour la promotion de l’éducation, l’émancipation des femmes, ainsi que pour promouvoir des réformes économiques et politiques, dans le cadre d’une enveloppe totale de 5 millions de dollars pour la Syrie que le Congrès a approuvée cette année.
L’IPMO contribue à faire transiter des millions de dollars chaque année à destination du Moyen-Orient dans l’intention de promouvoir des réformes. Dans la vaste majorité des cas, les bénéficiaires sont ouvertement identifiés, et les financements sont effectués via des organismes comme l’Institut National Démocratique, une organisation à but non-lucratif affiliée au parti Démocrate, et l’Institut International Républicain (IRI), affilié pour sa part au parti Républicain. Dans le cas de la Syrie, la proposition de supervision des élections nomme l’IRI comme “partenaire”, bien que sur le site internet de ce dernier, pourtant très détaillé quant à la promotion de la démocratie ailleurs dans le monde, il n’est fait aucune mention de la Syrie. Un porte-parole de l’Institut International Républicain n’a pas souhaité commenter les actions que cette organisation pourrait entreprendre ou avoir planifiées en Syrie, décrivant le sujet comme étant “délicat”.
Les experts américains en politique étrangère, familiers de la proposition, affirment qu’elle a été élaborée par un groupe de travail “démocratie et diplomatie publique” qui tient des réunions hebdomadaires au Département d’État pour discuter de l’Iran et de la Syrie. Ainsi que d’autres groupes de travail, il prépare des propositions pour l’échelon supérieur, le “Groupe des Opérations Iran-Syrie”, un organisme inter-agences qui implique, selon les dires de plusieurs fonctionnaires, le sous-secrétaire d’État Nicholas Burns, le conseiller adjoint du Conseil de Sécurité Nationale Elliott Abrams, ainsi que des représentants du Pentagone, des Finances (US Treasury) et du renseignement. Le porte-parole adjoint du Département d’État Thomas Casey a déclaré que le projet de supervision des élections a déjà connu plusieurs ébauches classées secret-défense, mais que “le concept de base reste tout à fait pertinent.”
Source : Time, le 19/12/2006
=================================
Lire aussi une intéressante analyse en anglais ici
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie nullement que nous "soutenons" Bachar al-Assad. Par principe, nous ne "soutenons" aucun gouvernement nulle part sur la planète. Nous sommes au contraire vigilants, tout gouvernement devant, pour nous, justifier en permanence qu'il ne franchit aucune ligne jaune. Mais nous sommes évidemment également attachés à lutter contre le deux poids 2 mesures, et à présenter tous les faits. Au final, notre vision est que le peuple syrien puisse choisir librement et démocratiquement son avenir, sans ingérences extérieures, et nous condamnons toutes les atteintes aux Droits de l'Homme des deux camps...
ainsi, l'article Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin
C'est un article Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin Cette fois-ci, j'espère pouvoir bénéficier à vous tous. Eh bien, vous voir dans d'autres publications d'articles.
Anda sekarang membaca artikel Les Crises.fr - [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin dengan alamat link https://alimentationsintl.blogspot.com/2017/08/les-crisesfr-2006-la-syrie-dans-le.html
Related Posts :
à lire sur Challenges - mardi 2 mai 2017 Les titres de Une 2 ma… Read More...
La présidentielle 2017 avec L'OBS - mardi 2 mai 2017 02 mai 2017 Primaire à Gauche … Read More...
Toute l'actualité régionale avec FR3 Auvergne-Rhône-Alpes -mardi 2 mai 2017 Auvergne-Rhône-Alpes Mardi 02 Mai Le nouveau plan de circulation à Grenoble à l'épreuve du feu … Read More...
Présidentielle : à cinq jours du second tour, Emmanuel Macron toujours largement favori face à Marine Le Pen, selon notre sondage Ipsos / Sopra Steria 12H15 INFO Présidentielle : à cinq jours du second tour, Emmanuel Macron toujours largement favori face à Marine Le Pe… Read More...
Les derniers posts de Jean-Pierre Chevènement - mardi 2 mai 2017 Agenda et médias Entretien à Sud Ouest: "L’esprit laïc, ça s’apprend" Chevenement.fr Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Sud… Read More...
5 réponses à [2006] La Syrie dans le collimateur de Bush, par Adam Zagorin