Après Dupont et Pondu, Tom et Jerry, Titi et Grosminet… Macron et Mélenchon. Adversaires proclamés, ces deux-là, tels leurs homologues burlesques, s’entendent en fait comme larrons en foire. C’est un ballet désormais bien réglé. Se tenant officiellement au-dessus du débat, dissertant longuement dans le Point, le président de la République ne manque pas une occasion de descendre dans l’arène dès que le leader de La France insoumise l’y convie. En lui plantant des banderilles, il le valorise. Ce qui permet à Jean-Luc Mélenchon de répondre par des charges furieuses qui le posent en seul leader de l’opposition. Cette corrida chiquée fait le spectacle.
Une preuve ? L’affaire de la réforme du code du travail. Le seul moyen d’amender le projet eût été de présenter un front uni contre
cette libéralisation signée Medef. Et donc, comme il est logique en matière sociale, de se grouper derrière les banderoles syndicales. Point du tout : La France insoumise manifestera seule, laissant la CGT, Solidaires, le PCF et certains socialistes défiler de leur côté. Deux manifs au lieu d’une : impact deux fois moindre. Mélenchon navigue en solitaire, ce qui permettra à Macron de tenir le cap. Joli renvoi d’ascenseur. On passe de Tom et Jerry à Roux et Combaluzier.
Tout cela n’a qu’un but : installer solidement le duel En marche-France insoumise dans le paysage politique. Macron aura pour seul adversaire un mouvement qui fait peur aux modérés, lesquels, pense-t-il, iront se blottir sous son aile comme des poussins apeurés ; Mélenchon éclipse la gauche réaliste et se pose en seule alternative au macronisme libéral. Il est vrai qu’à l’inverse du baron de Münchhausen qui s’est sauvé de la noyade en se tirant lui-même par les cheveux, le PS s’ingénie à couler en se tirant par les pieds. Pourtant la droitisation d’En marche sur le terrain économique ouvre un espace aux socialistes. Mais tant qu’ils poursuivront leur exercice de contorsion masochiste, le couple Macron-Mélenchon verra l’avenir avec confiance.
Et aussi
Laurent Wauquiez, une tête d’œuf autant qu’une tête à claques, veut une droite de droite, populaire, identitaire et sociale, qui chasse sur les terres du FN.
Le favori pour la présidence de LR l’a répété dimanche en gravissant les pentes auvergnates du mont Mézenc. Son raisonnement est logique : Macron et Philippe occupent le centre-droit naguère dévolu à Juppé ; les idées très droitières de Wauquiez tombent à pic pour donner un profil à LR. Comme on dit au football, faute de percer dans l’axe, on passe par l'aile. Cette tactique de débordement a reçu le soutien de l’ex-juppéiste Virginie Calmels, à l’ambition de fer et aux convictions de caoutchouc (elle souscrivait auparavant aux vues centristes de son mentor bordelais). Pécresse et Bertrand se récrient et prêchent pour une droite plus raisonnable. Mais les militants approuvent Wauquiez, qui compte aussi sur le soutien des militants de Sens Commun, une cabale des dévots très efficace. A droite toute, donc. Un certain Nicolas a réussi la manœuvre en 2007. Wauquiez est un Sarkozy sans talonnettes.
Jean-Michel Blanquer et Françoise Nyssen, ministres de l’Education et de la Culture, veulent faire chanter les élèves le jour de la rentrée. Bonne idée destinée à souligner l’importance des enseignements artistiques à l’école. On pourrait l’étendre à la rentrée politique, ce qui permettrait de remplacer, le temps d’une journée, la langue de bois par des mélodies plus chantantes. Mélenchon chanterait la Carmagnole, Marine Le Pen Maréchal nous voilà et Emmanuel Macron Tout va très bien, madame la Marquise. Laurent Wauquiez entonnerait Je m’voyais déjà et François Hollande Non, je ne regrette rien… Quant aux socialistes, un titre anglais s’impose : Help !
Le reportage passera inaperçu, puisqu’il annonce une bonne nouvelle. L’AFP est retournée à Forges-les-Bains (Essonne) où quelques fous furieux avaient incendié un local destiné à accueillir des migrants exfiltrés de la jungle de Calais. Un an après, même si les opposants du projet n’ont guère changé d’avis – ils se plaignent toujours de ne pas avoir été consultés, mais jugent «navrante» la tentative d’incendie – la situation s’est apaisée. Pour une raison toute simple : il ne s’est rien passé. Aucun incident, aucune agression, aucune confrontation entre migrants afghans et habitants supposément furieux. On a retiré autour du centre d’accueil les caméras destinées à surveiller les nouveaux habitants de Forges, faute de quelque chose à filmer. Les Afghans ont fait valoir qu'ils n'étaient pas des terroristes mais au contraire des victimes des talibans. Ils entretiennent des rapports courtois avec leurs voisins. La xénophobie ne s’est guère manifestée dans les urnes. Marine Le Pen est arrivée quatrième au scrutin de mai dernier. Le centre s’est fondu sans heurts dans le paysage de la petite ville. Autrement dit, on n’en parlera guère…
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