Titre : Les Crises.fr - Trump anéantit les espoirs de paix en Afghanistan, par Paul R. Pillar
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8
Août
2017
Trump anéantit les espoirs de paix en Afghanistan, par Paul R. Pillar
Source : Paul R. pillar, Consortium News, 18-06-2017
En abandonnant le pouvoir de décision au sujet de la guerre en Afghanistan à « ses généraux », le président Trump concède peut-être son inaptitude en tant que commandant en chef, mais il trahit également les électeurs qui espéraient qu’il pourrait mettre fin à la guerre, affirme l’ex-analyste de la CIA Paul R. Pillar.
Le commentaire de Georges Clemenceau, président du conseil durant la Première Guerre mondiale, selon lequel la guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires, était une sage observation et ce malgré la guerre totale dans laquelle était alors plongée sa nation.
Pilotes d’hélicoptère Chinook CH-47 de l’armée survolant les abords de Jalalabad en Afghanistan, le 5 avril 2017. (Photo de l’Armée par le Capitaine Brian Harris)
L’importance de maintenir un fort sentiment de finalité politique et de contrôle politique peut s’apprécier en opposant la France de Clemenceau à ce qui s’est passé en Allemagne. Là, le général Erich Ludendorff, qui avait le titre de quartier-maître général, agit durant la dernière année de la guerre comme un quasi dictateur de l’Allemagne, étendant ainsi son influence aussi bien sur les opérations au front que sur la politique intérieure et économique. La perspective politique déformée sous-jacente eut son écho dans les activités d’après-guerre de Ludendorff, qui comprenait son soutien à l’explication du « coup de poignard dans le dos » à propos de la défaite de l’Allemagne, sa participation au putsch de la brasserie de Munich d’Adolf Hitler et sa proposition d’une doctrine dans laquelle la guerre totale est considérée comme permanente et sans fin, la paix n’étant qu’une brève interruption de la lutte.
L’importance d’une finalité politique et d’un contrôle politique clairs devrait être au moins aussi évidente lorsqu’on ne mène pas une guerre totale et que les décisions de sécurité nationale impliquent l’utilisation plus mesurée des ressources militaires , avec des degrés de risque qu’un faible engagement militaire ne s’amplifie en quelque chose de plus large et plus coûteux. Il est donc regrettable de voir le Président Trump continuellement abandonner au Pentagone des décisions qui devraient être du ressort du Président (ou du Président et du Congrès). L’exemple le plus récent et le plus évident est sa délégation au secrétaire à la Défense James Mattis, général retraité, de la détermination de l’effectif de troupes américaines présent en Afghanistan.
Cette délégation de pouvoir n’est pas condamnable parce que les dirigeants civils ont nécessairement un meilleur jugement sur de tels sujets que les officiers de l’armée. Il y a matière à critiquer la gestion par Barack Obama de la guerre en Afghanistan, qui présentait une part de micro-gestion, et dans laquelle certaines de ses décisions sur les effectifs militaires furent prises pour des raisons politiques moins louables.
Ce qui est par contre condamnable à propos de l’approche actuelle du président c’est qu’il perd de vue le principe que la réalisation par des actions militaires de certaines choses sur le terrain est un moyen, pas une fin. L’approche de Trump ne reconnaît pas le besoin pour une expédition militaire d’avoir un objectif clair qui n’est pas défini d’une façon circulaire, autoréférentielle, seulement en termes militaires.
Au delà des jugements militaires
Elle échoue à reconnaître non seulement le besoin d’une évaluation précise de ce qui peut être réalisé par la force militaire, mais également si un tel résultat vaut tous les coûts qu’il peut entraîner, en tenant compte de la gamme complète des intérêts américains qui peuvent être en jeu, y compris des buts alternatifs auxquels des ressources nationales limitées pourraient être consacrées. Ce dernier sujet remet carrément en cause les effectifs des troupes dans des pays étrangers. Et c’est un sujet à propos duquel il ne faudrait pas attendre de l’armée qu’elle tente d’y répondre toute seule.
Le Président Donald Trump annonce la sélection du Général H.R. McMaster en tant que nouveau conseiller à la Sécurité Nationale le 20 février 2017. (Capture d’écran de Whitehouse.gov)
Les questions mentionnées ci-dessus sont particulièrement perspicaces quant à l’Afghanistan, où les forces américaines sont engagées dans la guerre depuis plus de 15 ans. Il y a de graves questions sans réponse concernant ce qui est réalisable et ce qui serait réalisable avec quelques milliers d’effectifs américains supplémentaires et qui ne pouvait pas être réalisé avec les 100 000 militaires que les États-Unis avaient auparavant sur place.
Il y a même des questions sans réponses encore plus graves : quelle serait la différence du point de vue des intérêts américains en cas d’un changement dans la situation militaire sur le terrain en Afghanistan ? Rester planté dans l’histoire – 11/9, etc. – n’apporte aucune réponse à ces questions. Si ce sont les bases arrière des terroristes qui nous inquiètent, l’Afghanistan n’est pas le seul problème.
Il n’y a aucun Ludendorff dans l’armée des États-Unis d’aujourd’hui, mais aucun fondement non plus pour effectivement obliger l’armée à prendre des décisions politiques. Quand des officiers américains sont forcés de le faire (et Mattis, sorti de l’uniforme depuis peu, peut compter parmi les militaires pour cette discussion), quelques schémas habituels sont visibles. L’un d’entre eux est que, si les États-Unis ne sont pas déjà impliqués dans un conflit armé, les officiers, connaissant bien les coûts et les horreurs de la guerre, sont souvent moins enclins à commencer un engagement que ne le sont des civils qui ne sont pas d’anciens combattants.
Un autre schéma est que si les États-Unis sont déjà impliqués dans un conflit armé, alors l’armée professionnelle est tout à fait correctement formée et conditionnée à faire le nécessaire pour poursuivre l’effort jusqu’à ce qu’un résultat soit atteint à partir duquel nous pouvons dire que la mission a été accomplie. Si les officiers ne reçoivent pas de mission claire, alors ils saisissent n’importe quels éléments du discours politique qui peuvent raisonnablement être interprétés comme une mission.
Ou, en réalité, ils construisent leur propre mission, définie pour créer une sorte de victoire sur les forces d’un adversaire. Et les officiers américains demanderont des troupes et d’autres ressources qu’ils croient nécessaires pour accomplir la mission, peu importe si la mission est bancale.
La guerre perpétuelle
C’est souvent une ordonnance pour l’intensification. Dans une situation comme celle de l’Afghanistan, c’est une recette pour la continuation sans fin de l’engagement dans le conflit. Et on ne répond toujours pas à la question de savoir si le fait d’accomplir une mission donnée en vaut le coût. Le discours qu’on peut entendre le plus souvent à propos d’une mission pour quelques milliers de troupes américaines supplémentaires en Afghanistan, est de renverser les progrès que les Taliban ont réalisés durant ces dernières années. Même si un tel renversement était accompli, qu’est-ce que cela apporterait exactement aux intérêts américains?
Un sergent de l’armée américaine assurant la sécurité en dehors du bâtiment d’un gouverneur provincial à Farah, Afghanistan, le 5 février 2013. (photo de la Marine américaine par le premier maître Josh Ives)
La fuite du Congrès de sa propre responsabilité, pour déclarer la guerre et pour spécifier clairement les objectifs généraux de l’usage outre-mer des forces militaires américaines, est à l’arrière-plan de tous ces problèmes. Ces problèmes affectent non seulement les effectifs des troupes dans n’importe quelle zone de combat, mais également la décision d’engager ou non des troupes américaines dans les conflits de certaines autres zones. Ainsi, l’implication directe des Américains dans une guerre interne dans un endroit tel que la Somalie relève de décisions présidentielles arbitraires, et peu comprises du public, quant à ce qui devrait être défini comme zone de combat ou comment les relations entre certains groupes terroristes devraient être catégorisées.
Quant au rôle spécifique de Donald Trump, peut-être qu’en transférant au Pentagone ce qui devrait être des décisions présidentielles reconnaît-il tacitement son manque de qualification – en terme d’expérience, pour ne pas dire de tempérament – pour élaborer une politique de sécurité nationale. Mais l’alternative à la délégation excessive n’est pas juste l’élaboration de stratégies théoriques par un promoteur immobilier. L’alternative appropriée consiste en ce que le Président et son conseiller à la Sécurité Nationale président un processus complet de création de mesures impliquant toutes les parties concernées du gouvernement, ce qui comprend un Département d’État entièrement pourvu en personnel, et qui commence avec une prise en compte soigneuse des intérêts américains qui doivent être promus ou protégés.
En ce qui concerne la contribution politique que ce Président se doit de fournir lors d’un tel processus, Trump devrait penser aux attentes à propos de la guerre et de la paix qui l’ont aidé à gagner des votes en novembre dernier. Il semble déterminé à remplir, ou être perçu comme remplissant les promesses de campagne quand il s’agit de la construction de murs, du rejet des musulmans, de la démolition de l’Obamacare, ou de la marche arrière dans les relations avec Cuba. Peut-être devrait-il méditer sur le fait que nombre de votants qui souhaitaient moins plutôt que davantage d’engagement américain dans des guerres étrangères ont vu en lui le candidat le moins belliciste.
Il semble plutôt penser à la façon d’éviter ses responsabilités. Se débarrasser des décisions en les confiant à « ses généraux » revient alors à les accuser quand les choses tournent mal. Ce qu’il a déjà faitaprès un des premiers revers militaires de sa présidence : la mort d’un Navy Seal dans un raid au Yémen en janvier. Attendez-vous à la même attitude de la part de Trump à propos de ce qui n’ira pas en Afghanistan.
Paul R. Pillar, durant 28 ans à la CIA, s’éleva au rang d’un des meilleurs analystes de l’agence.
Source : Paul R. pillar, Consortium News, 18-06-2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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