Danielle Simonnet, porte-parole mélenchoniste, ce matin sur France Inter, remplace le mot
«sondage» par le mot
«horoscope», comme le font désormais d’autres responsables de la France insoumise. Point de détail ? Polémique bon enfant sur les sondages, cet exercice incertain qui consiste à se fonder sur un échantillon de citoyens pour mesurer l’évolution de l’électorat dans son ensemble et qui débouche parfois sur des erreurs ?
Pas tout à fait. On connaît le raisonnement sous-jacent : les sondages, non seulement ne sont pas fiables, mais ils émanent d’organismes suspects liés à l’establishment politique et économique, qui cherche à influer sur le vote. Les enquêtes d’opinion sont biaisées par «l’oligarchie» : il faut donc les discréditer. D’où l’usage du mot «horoscope», qui désigne un exercice divinatoire fondé sur des méthodes irrationnelles.
Dans le même entretien, Danielle Simonnet constate néanmoins que,
dans la circonscription d’Evry, celle ou concourt Manuel Valls, le PS se retrouve avec un pourcentage calamiteux. D’où sort le chiffre ? Des sondages. Deux minutes plus tard, elle affirme que l’élection de Marine Le Pen était de toute évidence impossible et qu’on le voyait très bien avant le scrutin (ce qui justifiait le refus de faire voter Macron au second tour). Sur quoi se fondait-on alors ? Pour une bonne partie, sur les sondages. Ainsi
«l’horoscope» qu’on dénigre sert tout de même de base au raisonnement. Contradiction…
En fait, on sait que les sondages sont un instrument utile, qu’il faut manier avec précaution, mais qui reflète souvent l’évolution de l’opinion. En France, en tout cas, les sondages ont donné des résultats qui ont été confirmés, souvent au point près, par le vote des électeurs. C’était déjà le cas lors des deux dernières élections présidentielles, où ils ont annoncé l’élection de Nicolas Sarkozy, puis celle de François Hollande. Les qualifier«d’horoscope» traduit un refus de la réalité et ne signale rien d’autre qu’une régression intellectuelle.
Tout cela serait sans grande importance si cette tactique consistant à discréditer systématiquement le savoir venu
«d’en haut» n’avait, dans d’autres domaines, des conséquences désastreuses. A l’opposé du spectre politique, pour des causes qui n’ont rien à voir avec celles que défend la France insoumise, on emploie la même rhétorique.
Si Donald Trump a décidé de sortir de l’accord de Paris sur le climat, c’est aussi parce que ses partisans, depuis longtemps, ont discrédité avec méthode le savoir dispensé par la quasi-totalité de la communauté scientifique.
Avec le même raisonnement, on mettra sur le même plan créationnistes et évolutionnistes, tenants de la thèse officielle sur le 11-Septembre et dissidents qui imputent l’attentat au gouvernement américain, etc. Ainsi quand on rejette sans discussion sérieuse «la science officielle», on s’en remet à la science officieuse. C’est-à-dire à des gens qui disent le plus souvent n’importe quoi pour flatter l’opinion.
Et aussi
• L’Elysée médiatise avec un luxe de détails les réactions d’Emmanuel Macron aux attentats de Londres,
tweets nocturnes, communiqué immédiat, réunions de crise, etc. le tout pour
décrire un leader «aux commandes». Le président, dit-on dans les cercles macronistes, cultivera la rareté dans la communication. Sauf quand ladite communication le mettra en valeur.
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Les Français de l’étranger plébiscitent Macron. Le vote a eu lieu et les premières indications montrent une domination sans partage de La République en marche. Pas étonnant, dira-t-on, puisque ces électeurs sont par définition à l’aise dans la mondialisation. Certes. Il arrive toutefois qu’une hirondelle venue d’ailleurs annonce le printemps.
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