Les « blagues douteuses », depuis toujours, émaillent le feuilleton de la vie politique. André Santini, sortant des obsèques grandioses de Mitterrand, lançait ainsi à la cantonade : « Je ne me souviens pas qu’on en ait fait autant pour Giscard ! ». Là, au moins, c’était drôle. Chirac le fut moins, au bout d’un banquet républicain particulièrement arrosé. Lui, pourtant guère suspect de racisme, évoquait alors « le bruit et les odeurs » des immigrés dans leurs immeubles. Navrant dérapage, comparable à celui de Manuel Valls, comptant les « Blacks » sur le marché d’Ivry et réclamant « plus de Whites et de Blancos ».
Hier, visitant un centre de sauvetage maritime en Bretagne, Emmanuel Macron s’est lâché à son tour. On lui parle du « kwassa-kwassa », frêle canot qu’utilisent les migrants de l’archipel des Comores pour gagner Mayotte, département français. L’illégale traversée ne se fait pas sans drames : 10 000 noyés en vingt ans, selon un récent rapport du Sénat. Pas de quoi rigoler, donc. Le Président s’y hasarde néanmoins : « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ». Les puristes notent que l’emploi de l’article partitif « du » déshumanise le mot qui suit. Les autres, y compris Nadine Morano dont chacun sait la délicatesse verbale, s’offusquent d’une répartie « scandaleuse ». Jamais Sarkozy n’aurait dit une chose pareille ! Quoique…
N’empêche, si brillant l’avant-veille dans sa réponse à Trump, le champion d’En Marche ! a commis un faux pas. Sa haute fonction s’accommode mal d’une prose aussi décontractée. Plutôt que de sombrer dans un entêtement stupide, l’Élysée admet d’ailleurs aussitôt « une plaisanterie regrettable et malvenue. » À la bonne heure, mieux vaut laisser les vannes sur les « boat-people » à Cyril Hanouna et consorts.
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