Titre : Les Crises.fr - En théorie, Macron devrait battre largement Marine Le Pen. Mais l’électorat est peu engagé envers lui. Par Olivier Tonneau
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5
Mai
2017
En théorie, Macron devrait battre largement Marine Le Pen. Mais l’électorat est peu engagé envers lui. Par Olivier Tonneau
n théorie, Macron devrait battre largement Marine Le Pen. Mais l’électorat est peu engagé envers lui.
Source : Olivier Tonneau, The guardian, 01/05/2017
J’ai déjeuné dans un café parisien avec un journaliste qui a passé toute la campagne présidentielle française à dénigrer le candidat de gauche Jean-Luc Mélenchon, dans un journal hebdomadaire de centre-gauche respecté (même si déclinant), et à vanter les mérites du centriste Emmanuel Macron.
Ne présumez pas Marine Le Pen battue, c’est une dangereuse divagation. Je lui ai demandé s’il y avait eu un effort délibéré des intellectuels et des politiciens dominants pour créer un deuxième tour de l’élection présidentielle entre Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. “Pourquoi cette question, bien évidemment !», a-t-il rigolé. “Nous y avons travaillé pendant un an.” Compte tenu du côté manifeste de cette stratégie, je ne pas prétends pas avoir révélé un grand secret. Pour autant, il est agréable de savoir que je n’étais pas paranoïaque.
Nous avons terminé notre déjeuner, le journaliste faisant des commentaires sur toute les passantes, avec le sexisme à l’ancienne caractéristique de la classe dirigeante française, pendant que je réfléchissais à l’irresponsabilité étonnante de la stratégie. Ca pouvait paraître une bonne idée : dresser Macron contre le leader du Front National serait le moyen le plus sûr d’assurer sa victoire. Pourtant, la tactique pourrait être sur le point de se retourner, avec de terribles conséquences.
L’ascension de Macron est caractéristique de l’époque des spin-doctors (conseillers en communication NDT): elle illustre à la fois leur pouvoir et leurs limites. Il est vraiment étonnant que l’homme qui a inspiré (en tant que secrétaire personnel) et mis en œuvre (en tant que ministre des finances) les politiques du président François Hollande puisse être qualifié de radicalement nouveau.
Pour atteindre cet exploit, les spin-doctors ont recouru à des méthodes de construction de notoriété alors inconnues dans la vie politique française. Macron était nouveau parce qu’il était jeune et beau, et parce qu’il n’avait jamais été élu auparavant. Il est apparu à plusieurs reprises sur les premières pages de Paris Match avec sa femme, dont le prénom est acclamé par ses partisans lors de ses rassemblements. Au cours des dernières semaines de la campagne, Macron a fait tellement attention à ne pas exposer la vraie nature de son programme (qui équivaut à un peu plus que le libéralisme et l’austérité impopulaires mis en œuvre par Hollande) que ses discours ont dégénéré en exercices creux, clichés et tautologies.
Emmanuel Macron célèbre avec sa femme, Brigitte Trogneux, l’après premier tour: «Son nom est acclamé par ses partisans.» Photo: Yoan Valat / EPA
La stratégie a fonctionné jusqu’à un point: il est qualifié pour le deuxième tour. Mais ses limites sont également claires.
Au printemps dernier, la France connu des manifestations nationales contre les lois travail que Macron avait largement conçues. L’opposition n’était pas seulement contre leur contenu, mais aussi contre la manière dont elles ont été adoptées: le gouvernement a contourné le vote parlementaire. Au cours de ces manifestations, la police a utilisé la violence à un niveau élevé, mais Macron n’a jamais prononcé un mot pour calmer les choses. Il a déjà annoncé qu’il procéderait par décret si nécessaire, et il est facile d’anticiper une augmentation des tensions sociales à l’automne. A ceux qui s’opposeraient, Macron pourrait répondre qu’il met en œuvre le programme pour lequel il a été élu.
Théoriquement, Macron devrait vaincre Le Pen. Le problème est que la signification d’un tel résultat ne sera pas claire: combien auront voté pour lui et combien contre elle? Parce qu’il sera impossible de répondre à cette question, il sera impossible pour Macron de suivre une ligne dure contre les manifestations sociales au motif que l’élection aurait validé son programme.
Sur les quatre prétendants du premier tour, Macron avait les électeurs les moins convaincus. Selon un sondage, moins de la moitié de ceux qui ont voté pour lui l’ont fait parce qu’ils croyaient que son programme améliorerait leur vie. Il doit alors obtenir sa validation dans le décompte des voix du deuxième tour, et ne peut donc pas faire ce que Jacques Chirac a fait face à Jean-Marie Le Pen au début de 2002: Chirac a immédiatement précisé qu’il n’interpréterait pas les votes pour lui comme une expressions de soutien.
Macron a fait le contraire: il a déclaré avec audace qu’il ne voulait que des votes basés sur un véritable engagement. En ce sens, il a couru un risque majeur: il a défié les personnes qui s’opposent à lui (et il y en a beaucoup) de s’abstenir. Une proportion étonnante d’électeurs semble prête à le mettre au pied du mur. La situation est devenue si alarmante qu’une victoire de Le Pen devient de moins en moins invraisemblable chaque jour.
Les journalistes se précipitent maintenant à la rescousse, demandant désespérément aux Français d’empêcher Le Pen d’arriver au pouvoir. Mais les appels peuvent arriver chez des sourds. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Quelques semaines avant l’élection, quelque chose d’important est arrivé, passé en grande partie inaperçu: un sondage d’opinion a montré que la principale préoccupation du peuple n’était ni le chômage ni l’immigration, mais la réforme des institutions de l’État (les questions institutionnelles sont rarement posées dans les sondages). Il y a un profond ressentiment envers un État qu’ils considèrent comme oppressif, corrompu et violent.
Mélenchon a réalisé son impressionnant résultat au premier tour parce qu’il a fait campagne sur la promesse d’une réforme radicale de l’état. Il a donc pu ramener vers la politique des personnes qui s’étaient abstenues pendant des années, et aussi récupérer des électeurs de Le Pen. (Il a diminué son retard sur lui de sept points de pourcentage en 2012 à moins de deux points cette année). Ces électeurs ne sont pas intéressés par les mérites comparatifs d’un gouvernement Le Pen ou Macron; Leur colère est dirigée vers l’«état profond» (police, justice, administration). Ils sont encore moins enclins à voter pour Macron, parce qu’ils savent – et tout le monde le sait – que le deuxième tour a été délibérément mis en scène. Ils estiment qu’ils ont été mis devant le fait accompli, et l’abstention leur paraît un acte digne.
Macron a juste quelques jours pour prendre conscience de leur colère et adopter la seule stratégie qui peut garantir sa victoire : montrer de l’humilité et réduire la sévérité de son programme. Le seul problème est qu’il pourrait ne pas être conscient de la gravité de la situation. Il existe des liaisons dangereuses avec le microcosme des journalistes, des intellectuels et des politiciens qui façonnent (ou pensent qu’ils façonnent) le destin politique de la France, et elles ont un charme certain. Selon mon compagnon de déjeuner, Macron a une infinie confiance dans son charisme et ignore la menace.
Mais pourquoi risquer de tracer un chemin vers le pouvoir à une personne comme Le Pen?, ai-je demandé. Je n’ai reçu aucune réponse – une autre femme a attiré son attention. La France, certainement, est en de bonnes mains.
Source : Olivier Tonneau, The guardian, 01/05/2017
Traduction : F. M pour www.les-crises.fr.
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Face au Front National : réponse aux pompiers pyromanes qui ont voté Macron, par Olivier Tonneau
Source : Le Blog Mediapart, Olivier Tonneau, 24-04-2017
Vous avez voté pour Macron et vous nous exhortez à faire barrage au Front National. Nous n’avons aucune leçon à recevoir de ceux qui sont responsables de son ascension.
Vous avez voté pour Macron et vous venez nous faire la leçon : il faut faire barrage au Front National. « Faire barrage » : les mots vous évoquent des corps tendus contre l’assaut. Vous vous imaginez en héros de la lutte pour la République. A moi, ils n’évoquent qu’un bête mur de béton qui retient l’eau qui monte. Elle n’en finit pas de monter depuis cinq ans. C’est un fait objectif : jusqu’en 2012, le vote Front National était encore flottant, versatile, contestataire. C’est le quinquennat Hollande, qui est aussi le quinquennat Macron, qui l’a vu s’enraciner. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. L’extrême-droite monte partout dans le monde ; or il n’y a qu’une cause qui s’exerce à l’échelle de la planète et c’est la dictature de la finance dont vous venez de porter au pouvoir le zélé serviteur.
Peut-être n’êtes-vous pas convaincus ? La corrélation entre néolibéralisme et fascisme vous échappe ? C’est parce que vous vivez dans un monde imaginaire, au sens propre : un monde d’images. Vous n’êtes pas marxistes et vous ne pensez pas que les conditions matérielles d’existence déterminent la conscience. Tout est discours pour vous, comme pour le gouvernement le plus impopulaire de l’histoire de la cinquième république qui, pendant cinq ans, à chaque résistance à ses « réformes », n’a rien su comprendre sinon qu’il avait manqué de « pédagogie ». Manuel Valls s’écriait « J’aime l’entreprise » et vous avez élu l’homme qui promet de la faire aimer aux Français. Il vous a dit que les jeunes seraient heureux de travailler pour Uber pourvu qu’ils puissent rêver d’être milliardaires et vous l’avez cru. Il vous a dit que les chômeurs seraient contraints d’accepter des emplois moins bien payés et loin de chez eux, et vous vous êtes dit : voilà qui est sérieux. Vous vous êtes si bien retrouvés dans cette caricature de cadre supérieur que vous avez pensé qu’il saurait « rassembler les Français » – les rassembler dans l’amour d’un homme qui vous ressemble. Vous n’avez même pas conscience que ce faisant, vous avez fait monter le Front National.
Combattre le Front National, c’est aussi pour vous une affaire de mots. Quand Malek Boutih crie que le fascisme est à nos portes, vous vous dites : « Il a combattu le Front National ». Vous ne savez pas que le Front National puise à deux sources : la haine de l’étranger bien sûr, ce vieux fond de xénophobie raciste qui depuis toujours est la lie de la France, mais aussi la haine qu’inspire votre modèle de société haï de tous excepté vous, ce que vous sauriez si vous rencontriez qui que ce soit d’autre que vous. Vous n’avez pas voulu mettre en question votre attachement béat à une Europe qui n’existe que dans vos rêves. Vous avez dit « la dette » et « la dépense publique » et vous avez conclu : c’est impossible.
L’eau finira par déborder. Ce jour-là, que ferez-vous ? Vous n’en avez aucune idée. Vous devriez nous demander conseil. Car nous que vous accusez de ne pas faire barrage au Front National, nous faisons tout autre chose : nous le combattons – nous l’avons même en partie vaincu. Pourquoi croyez-vous que Marine Le Pen n’est pas arrivée en tête du premier tour ? Parce qu’un grand nombre d’ouvriers et d’employés qui s’étaient résolus à voter pour elle ou s’abstenir ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. Parce que les jeunes, prétendument acquis au Front National, ont massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon. Et pourquoi l’ont-ils fait ? Pourquoi nous ont-ils rejoint nous, et non pas vous qui avez pourtant seriné de si belles fables sur le rassemblement des Français ? Parce que nous leur avons fait espérer ce que vous n’osez plus imaginer : nous allions changer le monde.
Vous n’en avez évidemment pas conscience mais si nous avons lutté contre vous, c’est encore pour combattre le Front National. Pour faire naître l’espoir, il fallait en finir avec votre suffisance, votre incapacité à rien penser au-delà de vous-mêmes, et votre certitude que vous pouvez tirer sur la corde indéfiniment sans qu’elle se rompe jamais. Nous avons tâché d’échapper à la violence que vous répandez partout. La violence ? Vous êtes outrés – car chacun sait, n’est-ce pas, que la violence est de notre côté : dans notre hostilité aux riches et dans les mauvaises manières de Jean-Luc Mélenchon. Vous ne comprenez pas que la violence, c’est quand un être humain pensant, sensible, est nié dans son humanité par un vulgaire Macron qui croit qu’il est acceptable de parler aux gens pour ne rien dire. Il est mille fois plus insultant de s’entendre dire « penser printemps » que de s’entendre appeler « les gens ». Il est mille fois plus violent de dire « je suis pour la France qui ose » que de répondre « si vous élisez cet homme, vous allez cracher du sang ». Il n’y a pas de violence plus grande que de prendre les gens pour des imbéciles.
Vous, si fiers d’aller dans quinze jours faire barrage au Front National, ne vous rendez pas compte que vous êtes son fidèle allié. Vous n’avez aucun reproche à nous faire, aucune consigne à nous donner. Nous ne sommes pas votre voiture-balai, nous n’avons pas à ramasser les débris de la société à mesure que vous la détruisez.
Que ferons-nous dans quinze jour ? Pour moi, ma décision est prise. Ceux à qui il m’importe qu’ils la connaissent, la connaissent. Quant à vous, je n’ai rien à vous dire et je remercie Jean-Luc Mélenchon de n’avoir pas sauté dans le cerceau comme une bête de foire. Nous trancherons à notre heure et si vous vivez quelques jours d’inquiétude, tant mieux : voyez en face le désastre dont vous êtes responsables. Se pourrait-il qu’une prise de conscience se fasse ? Je n’y crois pas. Je vous connais trop bien pour ça. Eh bien tant pis : nous aurons au moins jeté une ombre sur votre irresponsabilité confite en ses certitudes et votre mouvement qui marche si bêtement à contre-temps de l’Histoire.
Pendant les cinq prochaines années, l’histrion que vous avez porté au pouvoir continuera l’œuvre de dissolution sociale de ses prédécesseurs. Mais qu’on se rassure : le Front National n’aura pas le dernier mot. Non grâce à vous mais grâce à nous qui en cinq ans avons réduit des deux tiers la distance qui nous séparait de lui. Détenteurs de l’avenir en commun, nous assumerons nos responsabilités face au Front National et malgré vous.
Source : Le Blog Mediapart, Olivier Tonneau, 24-04-2017
Face au FN: lettre aux Insoumis tentés par l’abstention
Source : Le Blog Mediapart, Olivier Tonneau, 25-04-2017
J’ai été surpris par la vitesse à laquelle mon précédent billet a circulé sur les réseaux sociaux. Beaucoup m’ont remercié d’avoir mis des mots sur leur colère. J’en suis heureux. Mais après avoir dit leur fait aux arrogants vainqueurs du jour, c’est entre nous que nous devons parler.
Chers Insoumis,
J’ai été surpris par la vitesse à laquelle mon précédent billet a circulé sur les réseaux sociaux. Je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il soit compris comme une justification de l’abstention. Je l’ai écrit avec l’intention de lui donner une suite, dans quelques jours, mais devant ces réactions je le fais dès maintenant. Beaucoup m’ont remercié d’avoir mis des mots sur leur colère. J’en suis heureux : cette colère est réelle, légitime, il fallait qu’elle s’exprime. Mais après avoir dit leur fait aux arrogants vainqueurs du jour, c’est entre nous que nous devons parler.
Lors du Brexit, j’ai déjà vécu la frustration terrible que nous ressentons aujourd’hui. Jamais Jeremy Corbyn, dont les positions étaient proches de celles de Mélenchon, n’a pu se faire entendre et la campagne s’est réduite, dans les médias, à un face-à-face : il y avait d’un côté les libéraux pervers maniant savamment moralisme et cynisme, affirmant tantôt que « l’Europe c’est la paix », tantôt que les marchés sauraient punir les récalcitrants ; de l’autre, les racistes les plus vils. Cette représentation binaire excluait une très large part de l’électorat anglais : les partisans du « lexit », c’est-à-dire la « sortie de gauche ». Contrairement à ce qu’on croit, tous les Anglais qui ont voté pour sortir de l’Europe n’étaient pas d’extrême-droite : l’année précédente UKIP avait obtenu quatre millions de voix aux élections générales, mais treize millions de personnes ont voté pour quitter l’UE. L’occultation du « lexit » eut pour conséquence que le brexit fut vécu par les racistes comme un triomphe. Ils se sont cru la majorité ; grâce aux médias, ils étaient hégémoniques ; ils se sont sentis tout permis. La suite fut atroce.
Dans la ville de Peterborough, à quelques dizaines de kilomètres de Cambridge, des tracts où l’on lisait « go home, Polish vermin » furent glissés dans toutes les boites aux lettres. Des Indiens et des Pakistanais furent tabassés ; il y eut des morts. Encore aujourd’hui, et qui sait pour combien de temps, les racailles se pavanent et les minorités rasent les murs. Vous me comprenez. Je déteste les muscadins qui paradent avec leurs mines sucrées de premiers de la classe, mais ils ne me font pas peur. Par contre, les skinheads font très peur – non pas pour l’avenir mais pour demain. C’est-à-dire pour aujourd’hui. Si j’étais convaincu que Macron allait battre Le Pen, je n’irais pas voter. Je me contrefiche d’envoyer je ne sais quel message d’unité républicaine : un fort taux d’abstention reflèterait parfaitement ma position. Mais, je l’ai écrit ailleurs, je ne suis pas du tout certain que Macron l’emporte et je ne prendrai pas le risque, pour des enjeux symboliques, d’une victoire de Le Pen.
Je disais dans mon billet d’hier soir que le Front National puise à deux sources : l’une, c’est la politique antisociale menée par Macron et ses avatars. Mais l’autre, c’est le racisme bien réel, qui n’est rien d’autre que la pulsion de haine qui existe en tout homme et donc en toute société, pulsion dont les effets doivent être inlassablement refoulés. J’irai voter contre Marine Le Pen comme j’en ai fait la promesse à une amie juive que la perspective de skinheads déboutonnés mettant les pieds sur la table terrifie. Cette amie, qui appartient à la classe moyenne et aurait payé plus d’impôts si nous avions gagné, a voté pour Jean-Luc Mélenchon. La campagne a été, pour elle comme pour moi, un moment merveilleux, un éveil collectif à la possibilité – je ne me lasserai jamais d’écrire ces mots – d’un avenir en commun. Rien ne doit mettre en péril cette complicité, cette intimité qui s’est nouée.
La campagne qui s’achève fut pour moi un moment d’une formidable intensité. Un moment d’espoir et de joie entre nous, d’exaspération envers les muscadins, mais aussi de haine franche et sans mélange envers les gardiens du temple. Quand Le Monde a publié, à quelques heures de la clôture de la campagne, la chronique infamante de Joann Sfar et m’a refusé un droit de réponse ; quand, après que Gérard Miller eût réfuté les accusation d’antisémitisme portées contre Mélenchon par le sinistre professeur Heilbronn, Laurent Joffrin a offert un droit de réponse à ce dernier, étalant ainsi dans son journal, à quelques heures du vote, un article diffamant Mélenchon de la plus basse des manières ; quand mon compte facebook a été bloqué parce que je postais ma réponse à Joann Sfar ; j’ai eu, pour reprendre une expression lumineuse de Todd, un flash totalitaire. C’est clair : entre ces salauds-là et nous, c’est la guerre.
Mais justement parce que c’est la guerre, nous devons rompre avec eux toute communication. Ce qu’ils disent ne nous concerne pas. Ce que nous faisons ne les regarde pas. J’irai voter Macron contre Le Pen et les éditorialistes écriront : « Nous les avons convaincus. Grâce au ciel, nous avons su leur faire entendre raison. » Grand bien leur fasse. Depuis dimanche soir, je n’ai écouté aucune radio, aucune télé, parcouru la Une d’aucun journal. Je ne les entends pas et ne leur réponds pas, sinon pour leur dire : nous nous retrouverons. Ceci posé, je reviens à nos affaires et je commence par faire ce que nous avons toujours fait : entre deux campagnes, on remet la maison en ordre en commençant par sortir les poubelles, c’est-à-dire virer les fachos. Parce que c’est dans nos rangs que sont ceux qui auront à souffrir de leur victoire ; parce que nous n’aimons pas que les nôtres se fassent tabasser au coin des rues ; parce que nous ne voulons voir fleurir les croix gammées ni sur les synagogues, ni sur les mosquées. Protégeons les nôtres ; nous aurons besoin d’eux. La lutte commence à peine et nous ne serons jamais trop nombreux.
Insoumis, cette lettre n’est adressée qu’à vous. Aux autres, je n’ai qu’une chose à dire : en aucun cas les Insoumis n’endosseront la culpabilité de l’arrivée des fascistes au pouvoir, et ce quoi qu’ils votent. Elle n’incombe qu’aux libéraux qui sèment le désespoir et bien sûr aux fascistes eux-mêmes. Que nous nous trouvions face à un choix très difficile ne change rien au fait que les seuls responsables sont ceux qui nous ont mis face à ce choix.
Dans Andromaque, Pyrrhus menace Andromaque de tuer son enfant si elle refuse de l’épouser. Celle-ci tient bon et Pyrrhus l’accuse : comment pouvez-vous condamner votre enfant à mort ? Andromaque décide d’épouser Pyrrhus pour sauver son enfant mais de se suicider aussitôt après. Fort heureusement, alors qu’ils marchent à l’autel, la foule se jette sur Pyrrhus, le massacre, et Andromaque est couronnée reine. Puisse la littérature éclairer le réel.
Source : Le Blog Mediapart, Olivier Tonneau, 25-04-2017
Cet article fait partir d’une longue série visant à discuter les opinions diverses en lien avec l’élection du 7 mai.Elle ne reflète pas forcément l’opinion du site Les-crises – qui n’aura d’ailleurs aucune position officielle pour cette élection.
ainsi, l'article Les Crises.fr - En théorie, Macron devrait battre largement Marine Le Pen. Mais l’électorat est peu engagé envers lui. Par Olivier Tonneau
C'est un article Les Crises.fr - En théorie, Macron devrait battre largement Marine Le Pen. Mais l’électorat est peu engagé envers lui. Par Olivier Tonneau Cette fois-ci, j'espère pouvoir bénéficier à vous tous. Eh bien, vous voir dans d'autres publications d'articles.
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