HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire. :LE CHEMIN DE FER DE L’INDOCHINE ET DU YUNNAN

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HISTOIRE et MEMOIRE 



La Galerie de l'Histoire.
 
   
Christian LE Moulec
7 mai, 14:00
 

LE CHEMIN DE FER DE L’INDOCHINE ET DU YUNNAN 

C’est une ligne ferroviaire longue d’environ 855 km et construite par la France entre 1904 et 1910. Elle relie Kunming (autrefois Yunnan Fu) dans la province chinoise du Yunnan à Haïphong, Vietnam. On a utilisé sans vergogne une main-d’œuvre de coolies, chinois et annamites. 
Avant, le voyage durait 25 jours ; avec le train, seulement trois jours et demi. La France voulait drainer le commerce de la Chine vers ses protectorats et colonie d'Asie du Sud-Est. Mais… 
« La dureté des conditions de travail, du climat, les maladies, les fauves, la répétition des troubles sociaux font de cette réalisation un GOUFFRE HUMAIN. Sur les 67 000 employés qui participent au terrassement et à l’édification des ouvrages d’art, 12 000 trouvent la mort. 80 ingénieurs perdirent également la vie durant ce gigantesque chantier ». 
En 1940, pour ne pas faciliter l’invasion japonaise, la ligne est démontée. Après la Seconde Guerre mondiale, le contrôle du tronçon du Yunnan est laissé aux Chinois, contre l’évacuation de l’Indochine par leurs troupes commandées par un certain Long Yun. 
En 1949, les communistes prennent le contrôle du Yunnan. Le chemin de fer est utilisé pour l’approvisionnement des soldats du Viet Minh. 
Dans son ouvrage « Le Fils du consul », feu le journaliste Lucien Bodard nous brosse un tableau haut en couleur de cette ligne pour partie à flanc de montagne. Dans les années 1920, il l’a empruntée plusieurs fois au temps où son père, Albert Bodard, tenait le consulat français de Yunnan Fu. 
« Deux locomotives étaient attelées, poussives, gémissantes comme de vieilles juments, pour faire monter notre convoi jusqu’au premier col. A mes yeux disparaissait le lac. Tout n’était plus que la terre à nu, blanchâtre avec des massifs sombres et des gorges noires. J’aimais que l’on s’engouffrât dans les tunnels qui étaient comme des trous déchiquetés et que l’on passât sur des ponts qui étaient comme de la dentelure de fer. Après le col, le train se mit à descendre. Le début de la longue descente sur le Tonkin. Mais le premier jour on restait encore sur le plateau yunnanais en une déclivité irrégulière et lente se faufilant dans un tohu-bohu où le sol était taraudé et bosselé. Une incohérence de précipices et de montagnes. 
Que c’était beau ! Longtemps nous avons suivi une rivière qui, tour à tour, était noire ou lumineuse, selon qu’elle se calmait en des biefs profonds ou s’emportait dans l’écume des rapides. Parfois, au loin, un village, des rizières qui escaladaient par terrasses successives quelques collines. Parfois, parmi les sommets nus et ronds certains étaient habillés de pavots : l’opium par champs entiers, le paysage en damier d’opium. La solitude presque complète… » 
Le chemin de fer du Yunnan a été classé en 2003 au patrimoine mondial de l’Unesco. 
Ci-dessous : 
Tracé de la ligne. 
Construction du chemin de fer. 
Le pont frontière de Lao Kai, au km zéro. 
Le viaduc métallique, km 83, direction Yunnan Fu. 
Début de la pose des 17 travées. 
Le pont en arbalétriers de Faux-Namti, km 111, direction Yunnan Fu. 
Quelque part sur la ligne.

    





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