La vague peut devenir un tsunami. Dans plusieurs sondages, les candidats de La République en marche (REM) obtiennent plus de 30% des intentions de vote à l’échelle nationale. Comme toujours, ces chiffres doivent être maniés avec prudence. Mais la tendance n’est pas douteuse. REM était au-dessous des 30% il y a une semaine : le macronisme progresse de jour en jour, comme si le corps électoral avait déjà décidé de procurer au nouveau président une majorité qui lui permette de gouverner. Le FN et LR résistent autour de 20%, la gauche se fragmente avec une domination de la France insoumise (autour de 15%, avec un PS au-dessous de 10%). Si ces chiffres se confirment dans l’urne, les candidats REM se retrouveront très souvent dans un duel final ou dans une triangulaire au second tour.
C’est là qu’un redoutable mécanisme se met… En Marche. Dans la plupart des cas, aux yeux d’une fraction importante de l’électorat, les champions macronistes seront par définition le deuxième meilleur choix. Détaillons :
- en cas de duel REM-FN, les électeurs républicains de gauche et de droite, pour une bonne partie, voteront contre le ou la frontiste
- en cas de duel REM-LR, les électeurs de gauche, pour une bonne partie, voteront contre la droite et il faudrait un report massif des voix FN sur elle pour faire élire le ou la candidate LR, ce qui est douteux
- en cas de duel REM-France insoumise ou PS, ce sont les électeurs de droite qui préféreront, selon toutes probabilités, le ou la macroniste à la gauche.
- et s’il s’agit d’une triangulaire, l’impétrant REM en tête au premier tour sera très souvent élu au second.
Autrement dit, dans de nombreuses circonscriptions, les candidats REM offriront un recours (un deuxième meilleur choix) aux électeurs dont le candidat aura été éliminé au premier tour. Si bien qu’au total, avec un tiers des voix au premier tour, REM pourrait remporter bien plus de la moitié des sièges dans la future assemblée. Seuls survivront leurs adversaires disposant d’une solide avance au premier tour.
Le scrutin majoritaire est un amplificateur. Jusqu’à maintenant, il profitait alternativement à la droite et à la gauche. Cette fois, c’est le centre qui en bénéficie. Ce ne sera pas la chambre bleu horizon, mais l’assemblée bleu-Macron.
Et aussi
Nouvelle variante de l’arroseur arrosé. En Marche a fait campagne sur la moralisation de la vie publique. Et voilà que
le Canard épingle Richard Ferrand, ministre et numéro 2 du mouvement, pour une ancienne affaire immobilière en Bretagne, apparemment entachée de favoritisme. En principe c’est une affaire mineure, qui ne concerne pas l’argent public. Mais quand on donne des leçons, il ne faut pas se retrouver en position d’en recevoir…
Le syndrome du «en même temps» a encore frappé. La CGT a cru comprendre en voyant Macron que le calendrier de la réforme du code du travail serait rallongé et assoupli. Mais, en même temps, le patron de la CPME, François Asselin, a compris le contraire : la procédure serait maintenue, avec une concertation en juin, un vote d’habilitation des ordonnances en juillet, une rédaction pendant l’été et un vote d’approbation en septembre. Illusion auditive ? Flou volontaire ? En attendant, toutes les organisations, patronales ou salariées, ont tenu le langage de la satisfaction. En période de campagne législative, c’est ce qui compte.
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